Piasa

Très haute époque

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 27 juillet 2007 - 490 mots

La vente du 16 mars a attiré un public averti et passionné de sculptures.

 PARIS - Pour la première fois depuis longtemps, une vente entièrement consacrée aux objets de
la haute époque s’est déroulée à Drouot. Le 16 mars, de nombreux amateurs se sont déplacés pour la vacation de Piasa, avec au marteau Henri-Pierre Teissèdre et l’assistance de l’expert Laurence Fligny. La pièce vedette était un exceptionnel Christ rhéno-mosan du début du XIVe siècle, en noyer, de près de 2 mètres, estimé 50 000 euros. Indépendamment de sa provenance – la collection Bernard et Annabel Buffet –, les collectionneurs se sont fiés à la qualité de la sculpture, « visiblement destinée à marquer les esprits, rappelle Laurence Fligny. Il appartient à cette catégorie de grands crucifix allemands qui devaient susciter dans le cœur des fidèles l’horreur et l’effroi et les inviter ainsi à une grande humilité. » Hautement convoitée par des amateurs belges dans la salle en une constante lutte avec une rangée de téléphones anglo-saxons, la pièce a été emportée par un particulier belge pour 367 000 euros. Témoignage de l’engouement du marché pour les œuvres sculptées, en particulier pour les belles pièces françaises assez anciennes, les sculptures ont dominé l’ensemble de la vente. Un Saint Jean-Baptiste du XVe siècle en pierre calcaire avec des traces de polychromie, rattaché à l’école parisienne, a été adjugé 52 771 euros au double de son estimation. Une Vierge à l’Enfant d’Île-de-France en noyer réalisée vers 1 300 a été vendue 31 900 euros. Une autre belle Vierge à l’Enfant espagnole du XVIe siècle, tenant l’Enfant assis contre elle dans un geste de tendresse, en albâtre sculpté en haut-relief, a atteint la somme de 47 860 euros.

Des meubles peu convoités
A contrario, on a pu observer une désaffection pour les meubles qui étaient de qualité moyenne, et peu d’intérêt pour les parties de retables pourtant encore très prisées par le marché flamand il y a trois ans. D’autres objets classiques, valeurs sûres du Moyen Âge, ont obtenu de beaux résultats, telle une pyxide de Limoges en cuivre champlevé, émaillée et dorée, du XIIIe siècle, emportée pour 12 270 euros ; une plaque rectangulaire de Limoges du XVIe siècle, en émail peint polychrome avec des rehauts d’or représentant L’Arrestation de Jésus, adjugée 15 000 euros, et une tapisserie audenarde du milieu du XVIe siècle, en laine à décor de feuilles d’aristoloche très découpées animées d’oiseaux et de colimaçons, partie pour 23 930 euros. Le succès aura encouragé les vendeurs à consigner de nouveaux lots auprès de la SVV Piasa désormais liée à la spécialité. La maison de ventes a déjà programmé deux vacations annuelles de haute époque, en mars et septembre. C’est le retour du Moyen Âge !

Haute époque

- Expert : Laurence Fligny - Estimation : 500 000 euros - Résultat : 900 000 euros - Lots vendus/invendus : 147/61 - Lots vendus : 70,7 % - Lots en valeur : 82,7 %

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°256 du 30 mars 2007, avec le titre suivant : Très haute époque

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