Espace Electra

Vert en couleurs

Par Gilles de Bure · Le Journal des Arts

Le 27 juillet 2007 - 516 mots

Botaniste et chercheur, Patrick Blanc signe une exposition en hommage au règne végétal.

 PARIS - À une heure où l’on ne sait plus qui pollue le moins des hélicoptères de Yann Arthus-Bertrand ou Nicolas Hulot, ni qui lave plus vert de Corinne Lepage ou Dominique Voynet, il est tout à fait rafraîchissant de constater, en compagnie de Patrick Blanc, que le vert, lorsqu’il est respecté et maîtrisé, peut se teinter en toutes les couleurs, des plus éclatantes aux plus mystérieuses.
Dès l’entrée de l’exposition de l’Espace Electra, le ton est donné : un Plafond végétal (une première mondiale, nous assure-t-on) mêle au-dessus de nos têtes plus de mille plantes de vingt espèces différentes dont la plupart parfaitement inconnues, telles les Hoya, Rhipsalis et autres Columnea… C’est donc une grotte que l’on pénètre ; le temple de la lumière qu’est l’Espace Electra s’en retrouve d’un coup plongé dans des ténèbres qui tiennent plus de la caverne que de la centrale.
Après être passé entre les Vallées des hautes et basses énergies qui mettent face à face des plantes à croissance rapide, notamment les Convolvulacées, et d’autres moins sensibles à la lumière, mais offrant au regard des architectures élaborées telles les familières Aracées, Urticacées et Acanthacées (…), on débouche sur Le Tapis des cryptiques où bégonias, impatiens et Episcia organisent leur ballet.
Le rez-de-chaussée épuisé, on monte au premier étage prendre un grand bol d’air avec Les Flûtes aux réophytes qui font la part belle aux Anubias, Aponogeton et Crinum qui nous confirment à quel point nous sommes – sans mauvais jeu de mots – néophytes en matière de plantes.
Puis, c’est la descente au sous-sol où nous attendent Les Bulles aux bégonias, étranges choses ramassées sur elles-mêmes et dont les couleurs apparaissent ou disparaissent selon l’angle de vue, et une interprétation de La Baie d’Along, cette merveille vietnamienne classée au patrimoine mondial de l’Unesco et dont les jaillissements, vestiges de la grande barrière de corail engloutie à la fin de l’ère primaire, avec ses plantes herbacées et arbustives sont à nulles autres pareilles.
Six séquences donc, deux mille plantes et cent espèces que vient renforcer une galerie de photos exaltant ce que Patrick Blanc appelle « le bonheur d’être plante » (titre de l’un de ses ouvrages).
Botaniste et chercheur au CNRS, Patrick Blanc a depuis longtemps franchi les limites du seul règne scientifique. Inventeur du mur végétal, il a su séduire des architectes et architectes d’intérieur avec lesquels il compte quelques collaborations mémorables, et notamment avec Andrée Putman (le Pershing Hall, à Paris) ou Jean Nouvel (Fondation Cartier, Musée du quai Branly à Paris). Quittant l’exposition avec à la main son dernier ouvrage, Folies végétales (naturellement édité par Le Chêne !), un regret saisit le visiteur. Certes, la mise en scène de cette science et de cette passion des plantes est-elle plutôt réussie ; mais y manque malgré tout la nature « naturelle ». Et soudain, l’envie prend le visiteur de s’envoler vers Bornéo ou l’Amazonie et d’aller sinon juger, du moins savourer sur place.

Folies Végétales

- Commissaire : Patrick Blanc - Scénographe, designer : Alexis Tricoire

Folies végétales

Jusqu’au 18 mars, Espace Electra, 6 rue Récamier, 75007 Paris, tlj sauf lundi 12h-19h. Catalogue Folies végétales, éditions Le Chêne, 64 p., 19,90 euros, ISBN 300-2-8510-7.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°252 du 2 février 2007, avec le titre suivant : Vert en couleurs

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