Christie’s

Le marché parisien porté par l’international

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 25 juillet 2007 - 696 mots

Les ventes parisiennes d’art moderne et contemporain de Christie’s ont atteint des niveaux inégalés pour le marché français.

 PARIS - La prospérité économique mondiale favorise le développement du marché de l’art parisien. La preuve en chiffres chez Christie’s, premier exportateur d’œuvres d’art vers les places de Londres et de New York. Le 23 mai, la maison de ventes a réalisé à Paris un chiffre d’affaires de 13,4 millions d’euros en une seule vacation d’art impressionniste et moderne. Ce n’est pas un record pour la maison de ventes qui a engrangé 16,9 millions d’euros le 1er décembre 2006 à Paris, à l’issue d’une vente incluant la collection Küss. Mais l’œuvre phare, Femme nue se coiffant, peinture d’Édouard Manet, estimée 2,5 millions d’euros, s’est envolée à 5,6 millions d’euros. Elle dépasse le tableau d’Henri Matisse cédé l’an dernier à Paris pour 5,1 millions d’euros, lequel avait fait les frais d’un vain voyage à New York où il avait été ravalé en 2004 chez Christie’s. « Paris est l’une des flèches à notre arc. Nous avons conseillé au vendeur du tableau de Manet, finalement parti dans une collection américaine, de le présenter à Paris, explique Thomas Seydoux, directeur international du département. D’abord, ce tableau n’avait jamais quitté la France. Ensuite, nous avons pensé qu’isolé à Paris, il serait moins en compétition avec d’autres œuvres d’art moderne. Bénéficiant d’une stratégie décalée, il a donc fait la couverture du catalogue et tiré profit d’un marketing très actif doublé de la force de frappe de notre réseau mondial de distribution de catalogues. On peut difficilement faire mieux. » Pour autant, Christie’s entend procéder par étapes pour favoriser la mise en vente d’œuvres importantes sur le marché parisien. D’après Thomas Seydoux, « selon son type, un tableau estimé plus de 5 millions de dollars (3,7 millions d’euros) se vend généralement à Londres ou à New York. C’est encore un peu tôt pour Paris… ». Sur les 1,2 milliard de dollars d’œuvres d’art impressionniste et moderne adjugées chez Christie’s à travers le monde en 2006 ( 81 % par rapport à 2005), 41,3 millions de dollars proviennent de la salle de vente de l’avenue Matignon, soit 3,3 % du chiffre d’affaires international de l’auctioneer.
Autre goutte d’eau dans l’océan des ventes aux enchères : les 21,3 millions d’euros de transactions totalisés par le département d’art contemporain de Christie’s à Paris en 2006. Ils ne représentent guère plus de 3,4 % des 822 millions de dollars de produit annuel de l’auctioneer dans cette spécialité. Réalisant une avancée significative en la matière, une vente organisée chez Christie’s à Paris les 30 et 31 mai a atteint le montant exceptionnel de 24,5 millions d’euros, soit l’équivalent de 33 millions de dollars, un résultat que la presse étrangère n’a pas manqué de souligner. Le mérite de cette performance parisienne revient à deux œuvres vedettes pour lesquelles la fameuse « stratégie décalée » a porté ses fruits. Untitled (Figure on a Dais), tableau de Francis Bacon réalisé à Tanger en 1958-1959, estimé 4 à 5 millions d’euros, a été vendu 6,8 millions, désormais l’œuvre d’art post-1950 la plus chère jamais adjugée en France. Une toile abstraite de 1971 par l’artiste américaine Joan Mitchell, présentée en couverture du catalogue et estimée au mieux 1,5 million d’euros, s’est envolée à 5,1 millions, doublant le précédant record de l’artiste, réalisé chez Artcurial le 28 octobre 2006. « Il est vrai que le prix record de 2006 nous a confortés dans notre choix de vente à Paris », expose Florence de Botton, directrice international du département chez Christie’s. Au final, sept enchères supérieures à 500 000 euros ont été comptabilisées. Abstraktes Bild de Gerhard Richter est parti dans une collection américaine pour 1,3 million d’euros, au double de son estimation haute. Une huile sur toile de Chu Teh-Chun, estimée 150 000 euros, a été emportée par un Asiatique pour 838 400 euros. Un stabile d’Alexander Calder, estimé 300 000 euros, est monté à 648 000 euros. Pour Florence de Botton, « vu la quantité d’œuvres de Calder sur le marché new-yorkais, il figurait en bien meilleure place à Paris. »

Art impressionniste et moderne, le 23 mai - Expert : Anika Guntrum - Résultats : 13,4 millions d’euros - Nombre de lots vendus/invendus : 201/29 - Lots vendus : 87 % Art contemporain, les 30 et 31 mai - Expert : Florence de Botton - Résultats : 24,5 millions d’euros - Nombre de lots vendus/invendus : 233/53 - Lots vendus : 81,5 %

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°262 du 22 juin 2007, avec le titre suivant : Le marché parisien porté par l’international

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque