De terre et de feu

 LEZOUX - Tout juste sorti de terre, le Musée départemental de la céramique fait la fierté de la commune de Lezoux (Puy-de-Dôme), située à 25 kilomètres de Clermont-Ferrand. Connue pour sa production en série de céramique antique, cette petite ville avait une carte à jouer, mais manquait de moyens pour un projet d’envergure. Conscient du potentiel touristique du lieu, le conseil général du Puy-de-Dôme a tout misé sur ce musée, installé dans l’ancienne fabrique de céramique du XIXe siècle inscrite sur l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques et cédée par la commune pour un euro symbolique. « Nous avons choisi de réhabiliter cette fabrique de céramique à l’abandon ; nous ne pouvions offrir plus bel écrin à ces collections », explique le président du conseil général, Jean-Yves Gouttebel (PS). Une manière courageuse de réhabiliter un savoir-faire qui a marqué l’histoire locale de la céramique. Suivant les plans du cabinet d’architecture Dubois, cet édifice industriel et ses deux fours monumentaux ont fait peau neuve. Une grange entièrement rénovée, dédiée aux expositions temporaires, vient compléter le dispositif muséal.
Dans la présentation permanente, le parcours déroule l’histoire de la production céramique de Lezoux, dont l’heure de gloire est sans conteste l’Antiquité. Durant cette période, plus de mille potiers se sont succédé dans les ateliers pour façonner une céramique de qualité : la sigillée. Exportés dans tout l’Empire romain, ces vases à vernis rouge brillant ont fait le succès de Lezoux. L’activité de poterie s’est poursuivie ensuite du Moyen Âge à l’époque contemporaine. Connaissant un réel sursaut au XIXe siècle avec la fabrique Bompard, productrice de grès et de faïences, elle n’a jamais retrouvé l’ampleur des ateliers gallo-romains.

Voir, toucher, écouter
Selon les vœux Jean-Yves Gouttebel, le musée, « porté par une scénographie innovante, rassasie les érudits et laisse entrevoir de nouveaux horizons aux profanes, se fait ludique et vivant pour les plus jeunes, tactile et lisible en braille pour les déficients visuels, accessible aux personnes handicapées ». Films d’animation, moulages, reconstitutions – notamment celle d’un four antique –, révèlent, avec pédagogie et ludisme, tous les secrets de cet art de la terre et du feu. Si les projecteurs restent orientés sur la céramique gallo-romaine, le musée ne se détourne pas pour autant de la création contemporaine, comme en témoigne la présentation d’une œuvre du céramiste belge Tjok Dessauvage.
Espérant attirer 20 000 visiteurs par an, cet établissement n’est que le prélude à la mise en valeur du patrimoine archéologique puydômois. D’après la direction des Musées de France, il constituera « très certainement une pièce majeure dans le développement touristique et donc économique de la région ». Un schéma départemental pour l’archéologie orchestrera d’ailleurs la mise en valeur de places essentielles telles que le temple de Mercure (au sommet du puy de Dôme) ou les sites gaulois de Gergovie et Gondole. Une manière efficace de favoriser la découverte des sites archéologiques et leur compréhension par le plus grand nombre.